Enfin une lueur d’espoir : les premiers vaccins contre la Covid-19 sont là !

Le 18 novembre 2020, le laboratoire américain Pfizer et son partenaire allemand BioNTech annonçaient dans un communiqué de presse que leur candidat-vaccin à ARN messager (ARNm) était efficace à 95 % pour prévenir les infections à Covid-19, toutes tranches d’âges, genres et origines ethniques confondus, mais également chez les personnes âgées ou les plus fragiles. Le monde entier attendait cette nouvelle comme la possibilité d’une délivrance. À la mi-janvier 2021, nous y sommes ! La vaccination de la population a déjà commencé dans de nombreux pays dans le monde, dont la France. Pourtant des questions subsistent sur la vaccination contre le SARS-CoV-2 : l’AFPric vous donne des réponses au fil des informations qui lui parviennent !

La protéine S, antigène cible des vaccins

Le coronavirus se caractérise par la présence à sa surface de la protéine S (“S” comme spike, qui désigne le spicule), autrement dit la pointe qui permet au virus de s’accrocher à la cellule-hôte et d’y pénétrer. Tous les vaccins en cours de développement ont pour principe de permettre au système immunitaire de rencontrer une première fois la protéine S, de manière à ce qu’il “reconnaisse” le virus entier le jour où celui-ci se présentera.

Des vaccins de principes différents

Début décembre 2020, 215 candidats-vaccins étaient référencés par l’Organisation Mondiale de la Santé, dont 52 en phase clinique, donc testés chez l’homme. Mi-janvier 2021, ils sont au nombre de 236, dont 63 en phase clinique et parmi eux 21 sont en phase 3, cette ultime phase qui correspond à des tests à grande échelle effectués sur des dizaines de milliers de volontaires sur plusieurs continents. C’est dire à quel point le développement des vaccins anti-Covid est rapide, plusieurs d’entre eux sont même commercialisés dans le monde !

Certains vaccins sont basés sur des principes déjà utilisés pour d’autres virus. Ainsi, pour déclencher une réponse immunitaire, on peut injecter :

– l’antigène via le virus vivant atténué (même principe que la rubéole) : aucun essai clinique actuellement ;

– l’antigène via le virus entier inactivé (même principe que la grippe) : c’est le cas des vaccins des laboratoires chinois Sinovac (Coronavac) et Sinopharm, autorisés en Chine, au Brésil et à Bahreïn ;

– une fraction d’une protéine virale (même principe que l’hépatite B) : c’est le cas du vaccin franco-brittanique Sanofi-GSK et du vaccin américain Novavax, dont l’antigène est une fraction recombinante de la protéine S (produite par génie génétique), qui devraient être commercialisés courant 2021.

D’autres sont basés sur des principes plus récents :

– certains utilisent un vecteur viral : c’est un virus rendu inoffensif, comme un adénovirus, un virus de rhume, qui véhicule un morceau de génome du coronavirus dans la cellule humaine et la transforme en cellule-usine à antigène. C’est le cas en particulier du vaccin britannique AstraZeneca, autorisé au Royaume-Uni depuis le 30 décembre 2020, et pour lequel l’agence européenne du médicament devrait se prononcer pour une éventuelle autorisation le 29 janvier 2021, ce qui ferait de lui le 3e vaccin commercialisé en France. Les vaccins russe Spoutnik V (autorisé en Russie depuis le 5 décembre) et européen Janssen (en phase 3 et prévu pour être autorisé en Europe en 2021) sont également basés sur le même principe.

– les plus innovants sont les vaccins à ARNm (m comme messager) : parmi eux, le vaccin allemand de CureVac (en phase 2), le vaccin Sanofi/Translate bio, et les deux premiers à avoir été approuvés par l’agence européenne du médicament : le vaccin Pfizer/BioNTech (Comirnaty®) le 21 décembre 2020 et le vaccin Moderna le 6 janvier 2021. Ces deux derniers sont autorisés en France depuis le 24 décembre pour le premier et le 8 janvier pour le second.

Ils consistent à injecter au patient une fraction du génome du virus, un ARN messager, intégré à une “goutte d’huile” qui permet son absorption par la cellule-cible humaine. L’ARNm reste dans le cytoplasme, il ne pénètre pas dans le noyau de la cellule donc dans son génome, mais il lui “donne la recette” pour fabriquer la protéine S, là aussi c’est elle qui devient l’usine à antigène. L’ARNm et la capsule lipidique sont extrêmement fragiles, ce qui nécessite des températures de conservation très basses (de l’ordre de -20°C pour le vaccin Moderna et -70°C pour le vaccin Pfizer) et une logistique complexe.

Une stratégie vaccinale européenne

Les décisions concernant la vaccination anti-Covid se prennent au niveau européen. Ainsi l’Europe a-t-elle pré-réservé 1,5 milliard de doses, réparties entre les 6 vaccins de Pfizer/BioNTech, Moderna, AstraZeneca, Janssen, Sanofi/GSK et CureVac, dont 15 % sont attribuées à la France. La Hongrie a préféré se tourner vers le russe Spoutnik V. Les données d’efficacité et de sécurité fournies par les laboratoires et publiées dans des revues scientifiques sont analysées au fur et à mesure de leur parution par les agences nationales et européenne.

Un encadrement très strict de la campagne de vaccination en France

Après que l’EMA (agence européenne du médicament) a autorisé un vaccin, c’est la HAS (Haute Autorité de Santé) qui donne son feu vert pour la France, et est en charge des recommandations nationales. La vaccination est gratuite et non obligatoire.

La campagne vaccinale en France a démarré le 27 décembre avec le vaccin Pfizer/BioNTech, se poursuit depuis le 11 janvier avec le vaccin Moderna et va prendre de l’ampleur au fur et à mesure de l’autorisation et de la commercialisation des 6 vaccins pré-réservés. On ne sait pas encore à quel point ces deux vaccins empêchent la transmission du virus mais on est sûr qu’ils réduisent les formes graves. C’est pourquoi la campagne s’est adressée en priorité aux personnes les plus vulnérables à la Covid, les seniors et professionnels des EHPAD, auxquels se sont très vite rajoutés les soignants et pompiers de plus de 50 ans, suivis à partir du 18 janvier des personnes âgées de plus de 75 ans et des personnes atteintes de certaines  pathologies graves et rares (https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/liste_maladies_rares_cosv_fmr.pdf).

À partir du mois de mars, les autres catégories de Français devraient progressivement être éligibles à la vaccination. https://www.service-public.fr/particuliers/actualites/A14557

Les prochains vaccins qui seront évalués par l’EMA sont ceux d’AstraZeneca et de Janssen.

Le fait que la vaccination de la population commence ne veut pas dire que la vigilance concernant le recueil de données d’efficacité et de sécurité va se relâcher. De même que les médicaments innovants (biomédicaments, JAK-inhibiteurs) lorsqu’ils sont commercialisés, les vaccins font l’objet après leur commercialisation d’un dispositif de surveillance renforcée, de pharmacovigilance avec l’analyse des effets indésirables déclarés par les professionnels de santé et les patients (www.signalement-sante.gouv.fr) et la conduite d’études pharmaco-épidémiologiques.

À ce jour, seule la FAI2R a émis des recommandations pour les patients atteints de maladies auto-immunes et auto-inflammatoires rares.

Où en sont les vaccins français ?

Sanofi annonce que ses deux vaccins, à protéine recombinante et à ARNm, devraient être autorisés en 2021. De son côté, l’institut Pasteur travaille sur le développement de vaccins à vecteurs viraux (rougeole pour l’un, lentivirus pour l’autre), et d’un vaccin à ADN. Ces candidats-vaccins sont moins avancés que les précédents.

En ce début d’année, la vaccination suscite beaucoup d’espoirs, comme le prouve l’engouement de plus en plus important des Français pour la vaccination. Néanmoins des questions subsistent : combien de temps va durer la protection et faudra-t-il se faire vacciner régulièrement ? Les nouveaux variants seront-ils sensibles aux vaccins ? Quels seraient les effets indésirables à long terme de ces vaccins ? Et surtout, quand la vaccination permettra-t-elle d’atteindre une immunité collective suffisante pour vivre à nouveau “comme avant” ?

Date : 18/01/21

Source : Pfizer, mesvaccins.net, Infovac, FranceInter, 20minutes.frLeMonde.fr, fr.sputniknews.com, industriepharma.fr, lefigaro.fr, réunion ANSM 10/12/20, Vidal.fr, Le Journal des Femmes Santé

Infographie : leparisien.fr 9 novembre 2020

Les 4 principes des vaccins choisis par l’Union Européenne – Infographie Ouest-France 30/01/2021

Les 4 principes des vaccins choisis par l’Union Européenne – Infographie Ouest-France 30/01/2021

Vous pouvez télécharger le communiqué ici